Édition 2011

Les lauréats

Cadets

7 lauréats sur 71 candidats
Dictée : DANNEMARK Francis, Choses qu’on dit la nuit entre deux villes, [Bègles], Le Castor astral, 2006, p. 35.

Nom et prénomDate de naissanceÉtablissement
DE BACKER Iris13.03.1998Athénée royal Jean Absil
DEHON Achille04.10.1998Athénée royal Jean Absil
FILIPOVIC Nikola21.10.1998Athénée des Pagodes
FOSTER Suraya Melak16.09.1997Athénée royal Jean Absil
GAZIONI Fiona05.02.1997Institut des Dames de Marie (rue Vergote)
GRUWÉ François21.04.1998Athénée des Pagodes
TIXHON Fanny20.02.1997Institut des Dames de Marie (rue Vergote)

Juniors

2 lauréats sur 71 candidats
Dictée : ENGEL Vincent, Oubliez Adam Weinberger, Paris, éd. Fayard, 2000, pp. 183-184.

Nom et prénomDate de naissanceÉtablissement
DÖNMEZ Gonca22.09.1993ISTI (Institut supérieur de traducteurs et interprètes)
VAN DIJK Sarah16.03.1995Athénée Fernand Blum

Adultes

15 lauréats sur 86 candidats
Dictée : EMMANUEL François, Petites pratiques de l’utopie, Namur, Institut du Patrimoine wallon, 2011, pp. 157-158.

Nom et prénomCommuneProfession
BREUSE DanielTournai
CRUNEMBERG DominiqueCourt-Saint-Étienne
DEHESELLE DanielleMontegnée
DELBECQ FabriceTournaiemployé de bureau
DE RIDDER DanielHellebecqprogrammeur
DESCANS Claudine, épouse COUVREURBraine-le-Châteaurégente littéraire
DOPCHIE GwendolineBruxellesromaniste, responsable de la gestion administrative de l’a.s.b.l. Ephec Formation
KALINOWSKA Irène-MarieBruxellesHaute École de Bruxelles, Institut pédagogique Defré
LAMS ChristineHaut-Ittre
LESUISSE JacquesBraine-le-Comteretraité
PAULET AmandineAthcommerciale en assurances
PEETERS LucBruxellesinformaticien
SOULIÉ JulienLille (France)enseignant, verbicruciste
THOMAS ClaudeBruxellesretraité
VAN LIERDE Francine, épouse HAMELINCKfonctionnaire européenne retraitée

Les dictées

Dictée des cadets

Réveil au bord de la mer

Wolf ouvre les yeux. Ce qu’il voit d'abord, c’est Lena endormie sur le canapé. Il la regarde un moment avant de fermer les yeux pour écouter. Le fond musical, c'est la mer ; viennent s’y ajouter un volet qu’un peu de vent fait grincer, les haut-parleurs qui ne diffusent plus qu'un très léger grésillement et au milieu de tout cela, doucement, la respiration de la jeune femme. Elle cache en dormant ses mains sous ses cheveux et d’un mouvement à l'autre, au rythme de la respiration, laisse passer un doigt, deux doigts entre les boucles foncées qui prennent des reflets cuivrés dans la lumière basse de la pièce.

Francis DANNEMARK, Choses qu'on dit la nuit entre deux villes,
revu et corrigé par l'auteur, éd. Le Castor astral (« Millésimes »), [Bègles], 2006, p. 35.

Dictée des juniors

Au fil de l’eau

La nature seule continuait son petit bonhomme de chemin, parce que les civilisations hurlent quand les ruisseaux coulent, charriant leurs décombres pour les enfouir loin, loin de tout regard humain, loin de toute trace de civilisation, dans le grand cimetière légendaire des mondes disparus, l’antique nécropole des gloires et des bassesses humaines. L’oiseau qui y chantait ne chantait que pour lui-même et ses semblables, la gent et l’histoire humaines avaient manqué une marche, elles n’étaient plus dans le coup, elles s’étaient ramassées sur elles-mêmes comme une bête blessée qui, voulant lécher ses blessures, ne fait que les aggraver.

Je regardais couler ce ruisseau, je songeais à toutes ces futilités, et je n’aimais toujours pas l’eau. Jusqu’ici, le printemps n’avait pas produit beaucoup d’efforts, comme s’il sentait que, cette année-là, ce n’était pas la peine. Pour la première fois depuis longtemps, le soleil faisait ses gammes – et pourquoi pas, après tout, puisque aujourd’hui était jour de fête ?

Vincent ENGEL, Oubliez Adam Weinberger, éd. Fayard, [Paris], 2000, pp. 183-184.

Dictée des adultes

De terre et de fer

J’aimais sa présence silencieuse. Parfois il me donnait rendez-vous en haut d’un terril qui surplombe la ville, le sentier était noir et dévoré par les ronces, j’arrivais à court d’haleine, il me disait : regarde. Sur ces hauteurs le ciel était ouaté de nuages roses et le vent plus frais et plus libre faisait frémir les bouleaux sauvages. En bas nous regardions la ville émerger de la brume avec ses encaissements de toits, ses cheminées d’usines, ses bretelles autoroutières, le pointillé argent de son cours d’eau canalisé. Un long temps nous demeurions sans rien dire puis nous redescendions l’un derrière l’autre, nos souliers pleins de gravillons noirs.

D’autres fois il m’attendait au cœur d’une galerie commerçante absolument déserte ou dans une station de métro qui n’avait de métro que le nom. Quelques rôdeurs et quelques voyageuses y laissaient traîner leur vacante beauté et l’on entendait piauler les trams au fond des galeries souterraines comme les crissements lointains de la mélancolie. Ressortis à l’air vif nous empruntions le promenoir qui longe le canal et traversions sans un mot l’interminable friche industrielle. L’eau brune écumait aux écluses, nous marchions dans le couloir noir de la Grande Industrie d’autrefois, toujours agonisante, secouée de soubresauts : vieilles aciéries à-demi closes, imbroglio de passerelles, pipe-lines, silos, clôtures, plates-formes oxydées, entrepôts couverts de suie (où pendaient des écriteaux hagards : Interdit aux pacemakers) tandis que la pince-araignée d’une grue extrayait du ventre d’une péniche un amas dégoulinant de ferrailles qu’elle déchargeait sous un hangar dans un bruit de dévalement métallique furieux et funeste qui déchirait l’air. Personne n’habitait ces rives sinistres hormis le batelier et le grutier qui nous regardaient sans nous voir depuis leur cabine de verre. Après le promenoir nous obliquions sur l’ancien chemin de halage puis pointions vers une immense tour de refroidissement, totalement désaffectée, mais dont l’espace intérieur vide (tel un gigantesque sarcophage, une cathédrale des temps indéfinis) était miraculeusement ouvert aux errants, aux glaneurs de sensations extrêmes et aux âmes perdues que nous étions.

Longtemps, moi qui ai pourtant l’esprit clair et me couche de bonne heure, je ne saisissais pas vraiment l’objet de ces rendez-vous étranges, expéditions entre chien et loup, pérégrinations à l’aube, longues stations debout sous le soleil de midi...

François EMMANUEL, Petites pratiques de l'utopie, dans Armel JOB et Christian LIBENS, Suivez mon regard ! Coups d'œil littéraires sur la Wallonie et son patrimoine, Institut du Patrimoine wallon, Namur, 2011, pp. 157-158.

Les photographies